Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Kaiserlich de cœur et d’âme. Moi aussi je suis de ce nombre ; mon drapeau était blanc, il est devenu noir et jaune, et, je le jure par les armes de mon père, noir et jaune il restera.

Nous ne sommes ni Allemands, ni Hongrois, ni Italiens, ni Polonais, mais nous formons un corps qui, selon mon opinion, ne possède pas les plus mauvaises qualités de tous ces pays. Grâce d’ailleurs à la divisibilité des propriétés qui appauvrit à pas lents, mais sûrs, presque toute notre aristocratie, nous avons dans l’armée une grande quantité de pauvres gentilshommes, et l’on sait — je ne le dis pas parce que j’en suis un moi-même — qu’ils font les meilleurs officiers. Mais revenons à l’esprit de fraternité et à l’accueil amical dont je parlais tout à l’heure.

Mahomet a dit : « Sois bienveillant à celui qui vient chez toi : quand il entre, il t’apporte la bénédiction divine ; quand il part, il emporte avec lui tes péchés. » Dans les tribulations des dernières années, si la bénédiction de Dieu ne nous a pas manqué, ce fut ce lien fraternel qui nous unit tous qui certes, autant qu’autre chose, nous l’avait mérité. C’est avec beaucoup de justesse que Béranger dit :

      L’amitié, que l’on regrette,
      N’a point quitté nos climats :
      Elle trinque à la guinguette,
      Assise entre deux soldats…