Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/27

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Ces lignes me rappellent une aventure arrivée à deux de nos officiers, gentilshommes de campagne hongrois, classe prototype de tout ce qu’il y a de bon camarade, d’hospitalier, de brave et de franc, quoique de tant soit peu turbulent.

Ils étaient deux amis : l’un, capitaine, était assis avec d’autres officiers, qui, comme lui, passaient la partie agréable de la journée qui suit le dîner, à causer, à boire du vin ou du café et à fumer cigare, pipe ou chibouque. Une fumée mystique enveloppait la société et rendait presque invisible notre capitaine, de la bouche duquel sortaient des bouffées à rendre jaloux un bateau à vapeur. Il n’en était pas encore au café, et avait devant lui un grand verre de Bohême, curieusement ciselé, à demi rempli de vin rouge de Bade.

Le vin était généreux, et le capitaine ne le trouvait que meilleur pour pouvoir le boire dans le susdit grand verre qu’il affectionnait fort, car sa mère le lui avait donné. Plus d’une fois, moi aussi, j’ai vu avec effroi circuler ce bocal, avec les mêmes sentiments qu’éprouva Waverley au dîner du baron Bradardine, qui en possédait un aussi en forme d’ours, avec la devise : Bewar the bar, et que, ainsi que celui du capitaine, il n’était pas permis de refuser de vider.

Soudain la porte s’ouvrit, et notre second gentilhomme, lieutenant, venant aussi de dîner et ayant