Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/28

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l’œil et le teint un peu plus animés qu’à l’ordinaire, entra et s’assit près de son ami, qui, prenant la bouteille, remplit le verre fatal, et après avoir proposé, en fermant expressivement l’œil gauche, la santé d’une telle, l’offrit au nouveau venu, qui dans son enthousiasme hongrois, saisit le Verre, le vida d’un seul trait, et, s’écriant : « Jamais moins noble toast n’en sera bu ! » le jeta avec force à terre et le brisa en mille morceaux.

Le ciel qui s’obscurcit n’est pas si terrible que ne devint la figure du capitaine. L’autre le regarda avec étonnement.

— Quoi ! tu te fâches parce que j’ai cassé ce malheureux verre ?

— Malheureux verre ! Je l’ai depuis dix ans, et c’est ma mère qui me l’avait donné !

— Ah ! si j’avais su cela !… Je t’en demande mille pardons.

— Jamais je ne pourrai l’oublier.

— Quoi ! nous qui sommes amis depuis si longtemps, nous nous brouillerions pour un malentendu ! Veux-tu l’oublier ?

— Non !

— Non ?

Le lieutenant court à la hâte vers le sofa , ôte ses bottes et ses chaussettes, et, au grand étonnement de tous, se met pieds nus à danser une hongroise et à piétiner comme un fou sur les débris du verre brisé.