Page:Cadiot - Minuit.pdf/111

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dix mille francs sont une somme, et, si contre toute attente tu n’étais pas favorisé de la fortune, je serais heureux que cet argent pût te venir en aide. Si tu es riche, au contraire, c’est de quoi payer une fantaisie à ta femme, ou allonger la dot d’une de tes filles (car je te suppose marié et père de famille) !… »

— Bon frère ! excellent frère, murmurait Naigeot en s’essuyant les yeux… dix mille francs à moi ! dix mille francs !

… « Dans le cas où aucun de mes rêves ne se serait réalisé, où tu serais resté vieux garçon et sans fortune, veux-tu entreprendre le voyage, venir ici m’aider dans mon vaste commerce et t’y associer pour une part ? Tu as cinquante ans, si je sais bien compter. À cet âge, on est jeune encore, et quelques mille lieues de mer ne doivent point effrayer. Ici, tu trouverais de bons parents et des amis, puisque j’en ai. Ma femme, qui est une Américaine instruite, intelligente, fort entendue au commerce, te mettrait rapidement au fait de nos affaires. Ma fille, — une enfant de dix-huit ans, mon cher François, — jolie, gracieuse, spirituelle, t’aimerait et te traiterait en oncle. L’Amérique est un beau pays, et le climat de la Nouvelle-Orléans n’est pas si mortel qu’on veut bien le dire. Enfin, dans mes magasins, où passent des denrées de tous les pays du monde, lu ferais ta fortune en cinq ou six ans. Réfléchis à ce parti, sien France tu n’es pas aussi heureux que tu le voudrais, si tu as envie de voyager, si enfin tu veux