Page:Cadiot - Minuit.pdf/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour cent par jour, selon la plaisanterie de la veille, le teneur de livres releva instinctivement la tête, en signe de révolte, contre cette extorsion usuraire.

Il n’y avait pas de fortune inattendue qui lui fit comprendre, si vite, qu’on put, en un jour de folie, payer trente francs d’intérêts, pour trois francs prêtés pendant vingt-quatre heures.

— Ah çà ! Naigeot renierait-il sa dette ? refuserait-il de s’exécuter ? demanda un des étudiants d’un ton quasi-menaçant.

Tous se levèrent. Les vieux pensionnaires abrutis de la pension bourgeoise retrouvèrent un instant d’énergie pour se joindre aux jeunes gens, et Buneaud ébaucha un signe d’indignation.

— Un moment, messieurs et mesdames, balbutia le riche Naigeot, qui se vit sur le point d’être accablé par un tolle général, il est bien entendu que je paie des suppléments au dîner de ce soir… si toutefois cette traite est présentable aujourd’hui, reprit-il, en manière de correctif.

— C’est heureux ! dit Buneaud. — Alors je mettrai une oie rôtie, une crème au chocolat, du vin de Bordeaux.

— Voyons donc si la traite est bonne ? s’écria un des jeunes gens ; donnez-moi votre paperasse, Naigeot.

Il ne la donna pas, mais se la laissa prendre en retombant pâle, défait, presque évanoui, sur le dos de