Page:Cadiot - Minuit.pdf/122

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siége en laissant tomber un regard de mépris sur ce bourgeois peu usagé.

— Eh bien ! je vas vous attendre, quoi ! fit-il, en se rangeant.

Le teneur de livres resta ébahi. — Bon ! pensa-t-il, on sait que je suis riche, sans doute ! Eh tant mieux ! je peux bien aller en voiture, au fait !

Il entra dans le temple de fortune, en demandant à tous les gens qu’il rencontrait, où était la caisse, et si, véritablement, il pourrait toucher dix mille francs.

À mesure qu’il approchait, il sentait sa poitrine brûlée par les chaudes effluves de l’espoir et de la crainte. En touchant à la réalisation de son rêve, une secrète terreur, de le voir s’évanouir, cloua Naigeot, immobile, sur le seuil de cette porte où, les six lettres majuscules qui formaient le mot caisse, lui apparurent flamboyantes.

Il porta la main à son cœur, pour en comprimer les battements tumultueux ; et, avant détourner le bouton, il eut le temps de reconnaître, avec stupeur, que jamais il n’avait senti une émotion aussi violente.

Enfin il ouvrit, s’approcha du grillage, et passa la traite par le guichet.

Le commis l’examina, pour s’assurer de la valeur et de la signature et, sans seulement lever les jeux sur celui qui la présentait, il compta silencieusement dix billets de mille francs.

Pendant ce compte, Naigeot eut comme un vertige.

— Le monde est-il renversé ? se demandait-il mentale-