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bagages à la maison Dominique Naigeot et Compagnie.

— Oh ! pour cela, monsieur, ce n’est pas mon affaire, répondit le matelot en s’éloignant du navire par un vigoureux coup de rame. Je vais vous déposer à terre ainsi que vos malles, et vous vous arrangerez, pourrons faire conduire dans la ville, avec ces gens de couleur que vous voyez là-bas sur le port.

À peine François eut-il posé le pied sur la terre, qu’il cria à un mulâtre :

— Je suis le frère de monsieur Dominique Naigeot, l’ami ; conduis-moi chez lui avec mes bagages, et vivement !

L’homme de peine leva les yeux sur son interlocuteur avec une expression d’étonnement et d’incertitude.

— Est-ce que tu ne connaîtrais pas la maison Naigeot, une des plus riches de la Nouvelle-Orléans ? reprit François avec un ton d’importance et de dédain qui glaça le mulâtre.

— La maison Naigeot !… Oh ! si fait, monsieur, balbutia-t-il en patois moitié français moitié anglais ; j’ai assez chargé de ballots de sucre et de coton pour la maison Naigeot dans ma vie… mais…

— Eh bien quoi ? mais… quel mais y a-t-il ?…

— Oh ! rien, Monsieur, rien… murmura le malheureux mulâtre, évidemment troublé, en tirant sa voiture plus fort pour ne pas continuer la conversation.

— On ne me connaît point ici, je vais évidemment faire sensation, se disait le teneur de livres, en suivant à