Page:Cadiot - Minuit.pdf/135

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grand’peine, ses bagages. Eh ! eh ! le nom de Naigeot fait de l’effet !… Je m’accoutumerai à ce pays où l’on s’enrichit vite… Et ma foi ! on dira avant peu : la maison Naigeot frères…

» Après tout, il me semble qu’on peut fort bien vivre ici, pendant quelques années ! Si ma belle-sœur est aimable, si ma nièce est aussi charmante que ce bon Dominique me le dit, ce sera vraiment plaisir de faire fortune en leur compagnie… Dans la journée on s’occupera des affaires ; le soir on sera tout au plaisir : visites données ou rendues, assemblées, bals, concerts, spectacles, promenades en mer… Je nageais pas mal autrefois… J’ai remonté la Seine du pont de Bercy au Pont-Royal. Je crois même que j’étais plus fort que ce cher Dominique… »

— C’est ici. Monsieur, fit le mulâtre en arrêtant sa voiture.

François Naigeot tressaillit comme un homme qu’on éveille en sursaut, leva la tête, et aperçut de vastes magasins encombrés de ballots et de gens affairés qui allaient et venaient.

Le cœur lui battit au moment de faire son entrée dans cette nouvelle famille et dans cette nouvelle vie. Cependant il poussa résolument la porte à claire-voie garnie d’une sonnette, qui séparait le sol assez mal pavé des magasins d’avec celui de la rue, et il s’avança entre deux rangs de caisses goudronnées.

— Monsieur Dominique Naigeot, s’il vous plaît ? de-