Page:Cadiot - Minuit.pdf/141

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saya-t-elle, par la cordialité de son accueil, de payer la dette paternelle.

Elle se fit exprès pour le vieux teneur de livres gracieuse et séduisante. Elle s’assit près de lui, l’embrassa, lui dit mille choses bonnes et affectueuses ; puis elle le mena visiter la maison, où, François Naigeot admira, pour la première fois, cette entente du luxe et du bien-être qui ne s’improvise pas, mais qui vient lentement, avec les années et ! habitude de la fortune. Elle lui apprit les noms de ses oiseaux favoris, et ceux des commis de sa mère : deux vieillards, quelle se souvenait d’avoir toujours vus, à la même place et avec la même figure, depuis qu’elle était au monde. Elle lui parla de la ville, des habitudes américaines, de ses jeunes amies, de tout enfin ce qu’elle crut capable de l’intéresser.

François Naigeot écoutait comme une musique céleste tout ce babil enfantin encore : peu à peu, il se laissait aller au charme de cette causerie et de ces caresses, en se demandant si sa vie depuis trois mois était un songe ou une réalité ; si, vraiment, la fortune l’était venue chercher dans la maison Buneaud pour lui ouvrir des horizons nouveaux, régénérer tout son être, lui rendre sa jeunesse perdue et tout le bonheur qu’il avait oublié de prendre en son temps ; et il inclinait vers l’espoir, vers le calme, vers les idées heureuses. Il se disait, qu’après tout, la mort de son frère ne brisait pas son avenir ; que ces deux femmes restées