Page:Cadiot - Minuit.pdf/144

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— C’est vrai, ma sœur… quand on fait un si long voyage pour revoir un frère, il est affreux d’arriver trop tard… mais vous… votre fille… m’avez fait toutes deux si bon accueil que… je n’ose… et puis…

Naigeot s’arrêta, ne sachant comment finir sa phrase. Il sentait le moment des explications venu et il tremblait.

— Mon mari m’avait peu parlé de sa famille, reprit la veuve. Il ne faut donc pas vous étonner si votre arrivée m’a surprise. Je vous avouerai, même, que si le capitaine du Vulcain, qui se trouve justement de mes amis, ne m’avait assuré de votre identité, j’eusse hésité à vous recevoir dans ma maison, malgré une certaine ressemblance avec votre frère. — Que voulez vous ? j’ai une grande responsabilité, moi, et…

— Mais, ma sœur, voici une lettre que j’ai reçue de Dominique. Il m’engage à venir, il me parle de vous, de ma nièce, de ses affaires, etc. Je m’étonne que vous n’en ayez pas eu connaissance.

— Mon Dieu ! il y a neuf mois maintenant que cette lettre a été écrite, il en fut alors vaguement question… mais je ne fis par grande attention à une idée de malade et j’avoue que… je n’y pensais plus.

— Lisez, ma sœur, dit Naigeot en ouvrant lui-même la lettre de son frère pour poser enfin carrément les questions épineuses.

Pendant que sa belle-sœur lisait, le frère pauvre