Page:Cadiot - Minuit.pdf/149

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— Mon oncle ! que faites-vous donc là tout seul ? lui demanda tout à coup une voix harmonieuse, tandis que deux petites mains fraîches se posaient sur ses yeux ; — dormez-vous ?

Naigeot leva la tête, saisit les petites mains mutines dans les siennes et regarda Louise, qui riait, en agitant autour de sa tête, les boucles de ses cheveux blonds.

Puis il la fit asseoir sur lui, joua avec les volants de sa robe blanche, avec ses doigts roses et fins, avec ses cheveux, avec les perles de son collier, l’embrassa sur le front, sur les yeux, sur les joues, et s’enfuit comme un insensé.


Hélas ! la nécessité est une loi fatale à laquelle rien ne résiste. Ce fut donc en vain que Naigeot se révolta contre les propositions de sa belle-sœur, qu’il s’agita en tous les sens, qu’il forma successivement les projets les plus extrêmes. Peu de temps après son arrivée, il avait repris la plume, l’encre, le bureau noir, le pupitre usé, le grand livre de parchemin vert à coins de cuivre, le sable bleu et or, le canif, le grattoir et la sandaraque ; on lui avait donné la moitié de l’emploi de Naudin, qui ne conservait plus que la caisse. De huit heures du matin, à six heures du soir, il faisait des paraphes, tirait des raies d’encre et comptait le doit et avoir de la maison Dominique Naigeot.

La destinée, après l’avoir transporté un instant dans