Page:Cadiot - Minuit.pdf/152

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lonté inflexible, c’est la mère qui m’interdit toute espérance !

Et, Naigeot songeur laisse rouler sur le grand livre sa plume inactive. Il n’entend pas la voix le sa belle-sœur qui lui annonce un débet ou une rentrée. Un des commis dit à l’oreille de l’autre :

— Le pauvre homme n’est pas fort, il faudra faire attention à ses comptes !

D’autres fois, au contraire, I s’enfonce fiévreusement dans des calculs infinis, pour supputer à peu près cette fortune, qu’il envie avec une rage toujours croissante, et il déploie une intelligence singulière.

Mais ce qui ne varie pas, c’est sa haine contre tout ce qui entoure Louise ; contre la veuve de son frère, contre Charles Moitessier, contre Ménard et Naudin qui secondent leur patronne de toutes leurs forces, font fête à Charles et parlent sans cesse du mariage de Louise.

D’ailleurs, ces commis intéressés depuis plus de vingt ans dans la maison, vont se retirer avec une jolie fortune, en même temps que madame Dominique Naigeot ; et, le teneur de livres frémit de colère, en songeant que lui seul, lui, qui porte cet opulent nom de Naigeot, va rester chez le successeur de son frère, attaché à la glèbe de son odieux métier de commis aux écritures !…

Mais, si elle m’aimait, se dit-il, que m’importerait tout cela ? Si je pouvais m’emparer de ce cœur, captiver cet esprit naïf qui ne sait encore rien de la vie ! Et après