tout, pourquoi ne m’aimerait-elle pas ? L’ardeur de ma passion réchauffera son âme endormie ! Elle sentira, sous mes paroles, les battements de mon cœur… Ce Moitessier ne l’aime pas ainsi !
Et, il essayait de voler, par surprise, le cœur de sa nièce, de lui faire entrevoir une autre vie, que celle, qui l’attendait en Amérique avec son futur.
— N’aimerais-tu pas, lui disait-il, venir à Paris, où tes millions et ta beauté te feraient reine ? où tu verrais des fêtes dont tu ne peux pas même concevoir l’idée ? un luxe qui n’a pas de pareil au monde ? où tu vivrais sans cesse au milieu des splendeurs, où tes équipages éclipseraient ceux des princesses ?
— Oui ! s’écriait Louise, en embrassant toute joyeuse le front jauni de son oncle ; oui, certes ! j’ai envie d’être belle, de m’amuser, d’aller au bal, de vivre à Paris ! Mais Charles m’y mènera !
Naigeot, frappé au cœur, maudissait une fois de plus cet homme qui lui volait Louise et les millions de Dominique, et il tâchait de ravir à la jeune fille ignorante quelques fiévreux baisers.
— Être bien aimée, c’est un bonheur aussi, enfant ! Si chaque jour, à chaque heure, tu sentais près de toi un amour infini… une passion enivrante… folle… qui ferait de ton mari ton esclave… qui t’entourerait de tous les plaisirs…
— Charles m’aime bien ! disait-elle.
Tandis que le teneur de livres, dévoré de sa passion