Page:Cadiot - Minuit.pdf/162

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Peu à peu, il distingua les objets dans ta pénombre. D’abord la table qui supportait la lampe ; ensuite le lit où dormait Louise, et le crucifix d’ébène qui tranchait en noir sur les rideaux blancs ; puis la jeune fille calme et souriante comme un enfant.

Combien de temps resta-t-il là, immobile, les pieds cloués au tapis ? Quelles idées folles, quelles tentations infâmes se succédèrent en lui ?

Nul ne peut le dire, car le temps ne s’évalue pas alors à la mesure banale des horloges.

Tout à coup une main se posa sur son épaule.

— Mon frère, qu’avez-vous ? lui demanda la mère en le regardant en face.

Il pâlit, chancela, se recula les yeux hagards comme devant un spectre…

— Je… je… la regardais dormir… balbutia-t-il.

— Vous avez donc des insomnies, mon frère ?

Le malheureux croyait être le jouet d’un cauchemar.

Il s’appuya à la muraille pour se soutenir et ne répondit que par des monosyllabes.

Madame Naigeot sonna. Deux domestiques descendirent.

— Ramenez Monsieur à son lit, dit-elle, et allez chercher un médecin. Il a la fièvre.

Le lendemain matin madame Naigeot conduisit Louise chez sa tante.

Les potions du médecin arrêtèrent sans doute les progrès du mal, car le teneur de livres descendit à son