Page:Cadiot - Minuit.pdf/164

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Enfin l’époque fixée pour le mariage de Louise arriva.

Deux jours avant celui où Charles devait revenir de Boston avec toute sa famille, madame Naigeot annonça que le soir même, on irait chercher Louise chez sa tante.

Il faisait beau temps, c’était une vraie promenade que d’aller en canot jusqu’à l’île de ***. Dès que les magasins furent fermés, madame Naigeot, son beau-frère et les commis descendirent sur le port.

Les bateaux et les mariniers ne manquaient point. On choisit une pirogue longue et coquette, qui traînait à la poupe un petit bachot vert et rose en guise de chaloupe de sauvetage, mais on refusa les rameurs qui s’offrirent. Naudin et Ménard étaient accoutumés à manier le rame, et Naigeot protesta qu’il reprendrait volontiers cet exercice de ses jeunes années : du temps heureux, disait-il, où j’étais un enfant encore, et où Dominique m’apprenait à nager le long des rives de la Seine.

On partit.

— Eh bien ! au moins vous savez nager vous, monsieur Naigeot, dit Naudin en saisissant le premier les avirons.

— On nage toujours, tant bien que mal.

— Moi, je ne sais vraiment pas comment je suis bâti, mais je n’ai jamais pu apprendre. Imaginez-vous que l’eau me cause une terreur maladive. Tant que je suis dans un bateau la rame à la main, cela va bien ! mais une fois qu’il me faut agiter les bras et les jambes, pour faire le métier des poissons, la