Page:Cadiot - Minuit.pdf/165

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force s’en va ! Je me trouve mal comme un enfant.

— C’est singulier : — pour l’habitant d’un port de mer surtout, car vous avez dû avoir bien des occasions d’apprendre à surmonter cette faiblesse.

— On a tout fait pour m’en corriger ; mes parents et mes amis se sont moqués de moi. Mais ç’a été inutile… — et ma foi ! maintenant il n’est plus temps de m’y mettre, ajouta-t-il en souriant.

— Pourquoi pas ? il vaut mieux tard que jamais.

— Parce que maintenant il n’a plus les mouvements assez agiles pour cela ! s’écria Ménard. — Croyez-vous, bonnement, qu’après avoir passé quarante ans assis derrière un comptoir, quand on a pris du ventre et des rhumatismes, on va se mettre à faire des pleine-eau comme un petit clerc ?

— Bon ! cela fait du bien !

— Merci !… — Eh bien ! moi qui nageais comme un poisson, moi qui ai tenu des paris et gardé deux heures la mer en nageant toujours, je crois que je ferais une triste figure dans l’eau depuis que j’ai la goutte !

— Allons ! je vois que si nous faisions naufrage, reprit Naigeot avec un sourire étrange, il faudrait compter sur ma sœur et sur moi, pour vous repêcher tous deux ?

— Et je crois même, mon frère, que vous pourriez bien avoir trois personnes à tirer d’affaire, car moi je n’ai jamais essayé mes forces que sous la surveillance de mon maitre nageur, et en voyant une perche tendue à quatre brassées devant moi.