Page:Cadiot - Minuit.pdf/172

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minute apportait un nouveau danger, chaque hésitation le poussait plus avant dans l’abîme.

Quand la réalité se faisait jour, il lui semblait que sa résolution était bien prise, qu’il allait rentrer seul à la maison Naigeot avec ses habits mouillés et en désordre, et courir chez les magistrats annoncer le naufrage en pleurant et en protestant de ses efforts pour sauver les victimes ; mais bientôt il se voyait poursuivi par les furies qui dénonçaient son crime et ameutaient contre lui tous les séides de la justice humaine. Quelquefois au contraire il croyait faire un horrible rêve, tandis qu’il était couché dans son lit avec la fièvre et que sa belle-sœur dormait dans la chambre voisine. Par instants même, il osait espérer que le cauchemar durait depuis bien longtemps, et qu’il se réveillerait sur le grabat de la pension bourgeoise, au tintement de la cloche du déjeuner.

Mais, cependant, il entendait au-dessus de sa tête le frôlement d’ailes des oiseaux de nuit, et, dans le lointain, les échos mourants des bruits de la ville.

Que faire ? que décider ? se demandait-il dans l’angoisse de savoir s’il avait ou non son bon sens. Si c’est un songe, qu’il finisse ! Si c’est une réalité, que je sache donc enfin avoir le courage de saisir la fortune et le bonheur !

Et, il cherchait à réveiller ses passions qui s’éteignaient dans la terreur, à revoir Louise, à se ressouve-