Page:Cadiot - Minuit.pdf/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nir de Paris et de ses joies ; mais sa mémoire était impuissante et son imagination restait froide.

Tout à coup, à travers le silence de la nuit, il entendit sonner une horloge. Il rappela ses sens et compta onze coups.

— Je suis perdu, se dit-il, si je ne cours à l’instant raconter le sinistre et prendre le gouvernement de la maison de ma nièce en qualité de tuteur. Encore une heure d’absence et je deviens un criminel qu’on traque comme un bête fauve et qu’on tue par la main du bourreau.

Il se leva et marcha précipitamment vers la ville.

Par un effort suprême, il avait réuni tout son courage pour cette dernière démarche. Aussi, marchait-il avec une fiévreuse rapidité à travers ces rues devenues désertes. Vers onze heures et demie il atteignit l’hôtel du magistrat.

Son sang battait à rompre ses artères ; ses dents claquaient. Enfin il leva la main pour saisir le marteau de la porte.

— Vous êtes fou de croire que Louise épousera jamais son oncle ! s’écria près de lui une voix bien connue avec un éclat de rire.

Soudain sa main s’arrêta et resta suspendue ; son pouls cessa de battre ; il resta cloué au sol la bouche entr’ouverte, les yeux fixes.

— An dessus des calculs de l’homme, il y a la justice de Dieu ! ajouta une seconde voix.