Page:Cadiot - Minuit.pdf/181

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cessa, les allants et les venants disparurent et la nuit tomba.

Les noirs reprirent les volets qu’ils avaient enlevés le matin, et les replacèrent dans leurs rainures en chantant. Bientôt, on n’entendit plus que la marche pressée des passants qui traversaient la rue, et les coups de marteau des nègres qui assujettissaient les dernières clôtures.

Quand il ne resta plus rien d’ouvert excepté la porte de passage, on apporta une lampe allumée sur le bureau du teneur de livres. Puis tous les esclaves sortirent par cette porte et se dispersèrent.

Naigeot se leva, tellement possédé du désir de les suivre. Mais Naudin quitta son fauteuil le premier, et avant que le teneur de livres ait eu le temps de traverser le bureau, il avait fermé la porte dont il prit la clef.

La peur glaça le sang de Naigeot quand il se vit seul avec la veuve et les commis. Il retourna s’asseoir dans son fauteuil sans pouvoir parler et sans oser regarder ses compagnons.

Il entendit Naudin rentrer dans le bureau et froisser Les billets de banque qu’il comptait. Puis, peu à peu, tous les bruits de la vie moururent autour de lui.

La peur le tint longtemps immobile. Enfin, il tourna lentement son fauteuil, pour sortir à tout prix de ce lieu, où il se sentait devenir fou. Mais, tout à coup, sa main heurta quelque chose de froid et d’humide qui lui laissa