Page:Cadiot - Minuit.pdf/189

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morts, semblaient voltiger sous les voûtes sombres avec des bruissements étranges. Sur les panneaux des murs et devant les autels de pierre, des crânes dénudés, des mains, des pieds, des torses de squelettes forment des chiffres capricieux, des mosaïques, que le jeu de l’ombre et de la lumière faisait à chaque instant changer de forme et d’aspect, et dont les arêtes, éclairées d’un côté par la lumière pâle du jour tamisée par les vitraux coloriés, et de l’autre par celle des cierges, semblaient bordées de feux follets.

Au moment où le prêtre, au dernier tintement de la clochette de l’enfant de chœur, donnait la bénédiction à la foule des chrétiens, un homme enveloppé d’un large manteau noir se dégagea de derrière un des piliers du porche, et remonta sans bruit vers le milieu de l’église sous le bas-côté de gauche.

Parvenu à quelque distance de l’une des chapelles latérales les plus chargées de reliques, il s’arrêta et écarta un peu les plis de son manteau qui cachaient une partie de son visage.

C’était un homme jeune encore, à en croire la vivacité de ses yeux noirs, qui brillaient d’un feu étrange sous des sourcils épais ; mais déjà usé par les passions ou par l’étude, car son front, dégarni de cheveux, était devenu démesurément haut, et des rides profondes le sillonnaient de lignes inflexibles. Son nez osseux et recourbé ressemblait au bec d’un oiseau de proie, et ses