Page:Cadiot - Minuit.pdf/190

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lèvres minces et serrées semblaient mal retenir un sourire sceptique et railleur.

En ce moment, il était adossé à un pilier et pittoresquement drapé dans son manteau, dont son bras gauche retenait les plis à la hauteur de sa taille. Sa tête, penchée en avant, était appuyée sur sa main droite, qui jouait capricieusement avec les fils dorés de sa moustache rousse.

Il semblait complètement absorbé par l’observation de la chapelle voisine, où brillait alors dans toute sa richesse une de ces magnifiques châsses des onze mille Vierges de Cologne, dont M. Strauss, notre habile chef d’orchestre, qui est aussi un de nos antiquaires les plus distingués, possédait quatre l’an passé.

Ce n’était cependant pas la châsse qui attirait si vivement l’intérêt de notre observateur, mais bien une créature ravissante et idéale, dont la figure n’était point la moins remarquable de l’église de Sainte-Ursule, le jour de la Toussaint 1538.

Derrière la grille soigneusement close qui fermait la chapelle, une jeune femme accompagnée d’un seul page semblait prier avec ferveur.

C’était madame Isobel, la châtelaine de Linkenberg, l’un des donjons les plus hautains et les plus solitaires parmi ceux qui bordent le Rhin.

Depuis de longues années déjà, la mort de son premier époux, le baron Ulrich de Saul, l’avait laissée dame et maîtresse du manoir de Linkenberg. À compter