Page:Cadiot - Minuit.pdf/192

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trevoir, elle semblait plutôt être la reine des êtres fantastiques et invisibles qui peuplaient les sombres chapelles de l’église des onze mille Vierges, qu’une femme réelle et bien vivante. Une longue robe de velours noir l’enveloppait tout entière et ne laissait apercevoir que ses deux mains, menues, effilées et blanches comme de la porcelaine, et son visage, aussi blanc que ses mains, où brillaient deux yeux noirs qui semblaient éclairer seuls la chapelle de leurs effluves de lumière. Sa coiffure de velours noir était impuissante à contenir ses cheveux d’or pâle ; ils s’échappaient par flocons légers comme des nuages et reflétaient tantôt en paillettes brillantes, tantôt en ombres vaporeuses et molles, ces mille jeux de la lumière qui semblaient envelopper sa tête d’une auréole.

Tandis que la foule des fidèles commençait à s’écouler lentement par la grande porte, Isobel exhalait une dernière prière ; son page se leva le premier et ouvrit doucement la grille de la chapelle.

Au faible grincement des gonds, un jeune homme que son costume faisait reconnaître pour un étudiant et qui était resté jusqu’alors près de la grille, dans la pénombre projetée par le tombeau de sainte Ursule, leva précipitamment la tête et jeta un regard rapide sur Isobel.

Puis, la voyant toujours agenouillée, et profitant de la position du page qui ne pouvait pas le voir, il se glissa près de la porte entr’ouverte.

Parvenu là, il se replia sur lui-même, et essaya de