Page:Cadiot - Minuit.pdf/193

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contenir une visible émotion, car Isobel avait donné son missel à son page et s’avançait vers la porte.

Il était impossible, qu’en passant, elle n’effleurât pas de sa longue manche pendante le front de l’étudiant. À ce contact, il ne put retenir un frisson convulsif ; et, lorsqu’après avoir suivi des yeux, la noble châtelaine jusqu’à sa sortie de l’église, il l’eut enfin vue disparaître, il resta un instant immobile, le regard fixé sur la porte, et comme perdu dans des pensées infinies.

Ni la grande dame ni son page n’avaient paru remarquer le manège du pauvre étudiant. Cependant Isobel n’avait perdu aucun des mouvements de son timide amoureux. Tandis que les paupières baissées elle paraissait s’isoler du monde extérieur, pour se renfermer dans la prière, comme en un sanctuaire immaculé, elle laissait glisser sur lui à travers ses cils demi-clos un long regard, à la fois caressant et avide. Et, certes, quand elle sortit de la chapelle, ce ne fut point par un pur effet du hasard, que sa manche de velours promena longtemps, sur le front du jeune homme, une enivrante caresse.

L’homme en manteau avait seul observé cette scène muette. Tendant que les dévots les plus scrupuleux gagnaient la porte et que les sacristains commençaient à éteindre les cierges, il s’avança d’un pas léger et frappa sur l’épaule de l’étudiant.

Le jeune homme se retourna vivement et laissa voir un charmant visage plein de mélancolie et de douceur