Page:Cadiot - Minuit.pdf/195

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piraient ; j’ai voulu savoir, aux pieds de qui tu avais mis ces fleurs délicieuses d’amour et de candeur, qui jettent leur parfum au devant d’un premier amour…

— Eh bien ? reprit Franz avec un léger tressaillement dans la voix.

Et, l’étudiant leva ses yeux bleus humides sur son compagnon, avec une expression de prière impérieuse.

Sa colère était tombée devant les paroles sympathiques de Sturff ; mais elle avait été remplacée par une curiosité pleine d’angoisses.

— Hé bien ! mon ami, je te vois avec une profonde douleur attacher tes pas à la suite d’Isobel… Je frémis de te trouver toujours au coin du tombeau de sainte Ursule, parce que la châtelaine solitaire qui ne fait jamais abaisser son pont-levis, et qui ne sort de Linkenberg qu’aux fêtes carillonnées, vient six fois par an faire sa prière dans cette chapelle grillée…

— Je l’aime ! s’écria l’étudiant d’une voix émue, et avec un accent qui n’admettait ni objections ni conseils.

Puis, il hâta le pas vers la porte comme pour mettre un terme à une conversation pénible.

Et dans l’inflexibilité de son silence, dans le feu de son regard, il y avait toute la révélation de cette passion profonde et sans espoir.

— Tu me fais pitié, comme ces pauvres phalènes que je vois le soir tourner autour de la flamme des lampes jusqu’à ce qu’elles y aient brûlé leurs ailes, reprît Sturff,