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jourd’hui une de ces femmes rares que les jeunes gens intelligents aiment à fréquenter et à bien connaître.

Ces femmes-là sont comme le répertoire vivant des anecdotes inédites qui forment le revers et la doublure de l’histoire contemporaine.

Elles connaissent, comme on dit vulgairement, le dessous des cartes, et savent vous indiquer les fils, qui font agir les grands pantins de la politique transcendante, et les intrigues de coulisses qui tantôt les élèvent sur un pavois et les montent au Capitole, tantôt les précipitent de la roche Tarpéienne. Elles savent la vie, en un mot, et bienheureux ceux qui consentent à l’apprendre d’elles, pour profiter à vingt ans d’une expérience de soixante ; ceux-là deviennent des hommes forts.

On causait donc, on causait de choses et d’autres, mêlant au hasard la critique des modes et celle des systèmes philosophiques, de la politique étrangère et du dernier roman paru.

Chemin faisant, et quand l’aiguille de la pendule fut aux environs de minuit, on mit sur le tapis ce thème éternel des longues veillées : on parla de revenants.

Comme toujours, les uns nièrent, les autres affirmèrent, les uns embrouillèrent la question, les autres voulurent l’expliquer, et nous tombions en plein chaos, quand Mme J. L. vint se mêler à la conversation.

— Oh ! oh ! dit-elle, si vous entamez le chapitre