Page:Cadiot - Minuit.pdf/206

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sait à vue d’œil, comme si tant de force eut écrasé sa faiblesse, comme si la vie puissante de son époux eût absorbé sa vie fragile.

Elle devint mère cependant. Au bout d’un an de mariage elle mit au monde un fils, fort et bien constitué, qui promettait, en grandissant, de ressemblera son robuste père.

Le baron, transporté de joie, célébra par des fêtes guerrières la naissance de son héritier, et témoigna encore plus d’amour à l’épouse qui le lui avait donné ; mais, les travaux de la maternité avaient épuisé Isobel, et les bruyants éclats de la reconnaissance d’Ulrich achevèrent de la conduire au tombeau. Elle s’éteignit en quelques mois, sans souffrances apparentes, au milieu de ses vassaux et dans les bras de son époux.

— Eh bien ! elle tomba malade ? voulez-vous dire, s’écria Franz, en levant vivement son visage sur lequel se peignaient l’étonnement et la terreur.

— Madame Isobel était morte, répondit Sturff avec calme.

Franz frissonna.

— Allons, mon enfant ! encore un gobelet de ce bon vin des Côtes-du-Rhône, pour couper la veillée et réchauffer ton courage !

— Merci, dit Franz, je n’ai pas soif. — Achevez-moi l’histoire de la châtelaine de Linkenberg, — lsobel n’était pas morte ?

— Si bien morte, mon enfant, que le baron, qui était