Page:Cadiot - Minuit.pdf/207

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au désespoir, lui prépara les funérailles les plus magnifiques, et voulut qu’elle fût exposée sept jours et sept nuits sur un lit de parade.

Ou dressa ce lit, dans la grande salie du château, et Isobel y fut couchée, revêtue de ses plus riches habits.

Toute la contrée vint prier à son chevet ; d’abord la noble châtelaine avait été bonne et charitable de son vivant, et les pauvres gens s’en souvenaient ; ensuite, il n’était bruit à dix lieues à la ronde que des splendeurs déployées à cette occasion par le baron de Saul.

Moi-même, quoique je fusse bien jeune alors, je me souviens d’avoir été conduit par ma mère à Linkenberg, et d’être entré dans la chambre ardente de la noble Isobel.

Les impressions de l’enfance sont bien les plus vives, et les seules qui ne s’effacent jamais !… J’ai vu depuis lors bien des choses étranges, j’ai eu l’âme remuée par bien des émotions… Eh bien ! je puis t’assurer, mon cher Franz, que rien ne m’a autant frappé que cette visite au château de Linkenberg ! C’était la première fois que je voyais la mort face à face ; car, tu croiras sans peine, que je ne voulus pas rester à la porte, et qu’il me fallut regarder de près la trépassée !…

Je reconnus, malgré les ravages de la mort, ce visage pâle et régulier, que j’avais parfois remarqué à l’église de Sainte-Ursule.

La châtelaine était encore belle ; mais ses traits amai-