Page:Cadiot - Minuit.pdf/209

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— Je n’ai soif que de la fin de votre histoire ou de votre conte… répondit Franz avec un tremblement dans la voix.

— Dis, histoire, mon cher enfant !

— Il y avait à peu près un an qu’Isobel était morte, quand le baron tomba sérieusement malade. Sa force prodigieuse diminuait peu à peu, sa vivacité s’éteignait ; un ennui vague, mais immense et sans remède, s’était emparé de son âme.

Les longs corridors du château ne retentissaient plus de ses cris de chasse ou de guerre. Ses armes restaient suspendues dans les salles basses, et, sans les soins des valets, ses cottes de mailles, ses cuirasses et ses gantelets se seraient rouillés.

Dévoré par une fièvre lente, mais inexorable, Ulrich n’avait plus même le courage de monter se promener sur les plates-formes de Linkenberg. Il ne quittait plus les appartements qu’Isobel avait habités. Sans cesse il était à la recherche de ses traces. Cet homme si terrible était plus faible qu’un enfant sous les étreintes de la passion.

Un jour, son valet de confiance le trouva évanoui dans la chambre où madame Isobel était morte. À genoux devant le lit de cette épouse adorée, il avait pleuré longtemps, le front caché dans les tentures de soie ; puis les douleurs physiques et morales l’avaient terrassé et il avait perdu connaissance.

On le coucha dans ce lit abandonné depuis la mort