Page:Cadiot - Minuit.pdf/211

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accès de larmes que pour entrer dans des colères terribles, redemandant toujours cette Isobel qu’il ne pouvait obtenir.

Une nuit, Kraupt, tristement assis dans un grand fauteuil, tisonnait au coin de l’âtre, en écoutant les heures qui sonnaient lentement. Il rêvait à l’avenir de la maison de Saul, maintenant réduite à un seul rejeton encore au maillot. Il se souvenait que cette famille était autrefois nombreuse et puissante, et se disait que, dans quelques heures peut-être, le dernier châtelain aurait vécu.

Tout à coup, il fut tiré de sa rêverie par le baron qui l’appela d’une voix faible. Il se leva, entr’ouvrit les rideaux de l’alcôve et trouva son maître fort agité.

— Kraupt, lui demanda-t-il, l’as-tu vue comme moi ?

— Qui cela, monseigneur ?

— Madame Isobel, qui est enfin revenue.

Kraupt frissonna. Il crut que la dernière heure avait sonné, et qu’il venait d’entendre les premières divagations du délire.

— Dieu conserve en son paradis madame Isobel ! reprit-il en se signant.

— Dieu !… Dieu !… Laisse Dieu tranquille et souhaite plutôt la bienvenue à mon cousin le prince d’enfer qui me l’a rendue !

— Dieu garde, monseigneur ! continua imperturba-