Page:Cadiot - Minuit.pdf/212

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blement le valet, — Madame la baronne est morte et a été enterrée…

Kraupt se dirigea vers la porte pour aller éveiller le chapelain et faire sonner les cloches d’agonie ; mais, à peine avait-il laissé retomber les rideaux du lit, qu’il les entendit courir doucement sur leurs tringles et qu’il les vit s’agiter dans la ruelle de gauche.

— Qui peut être là ? se demanda-t-il. — Mon seigneur n’a pas la force de tirer ses rideaux lui-même.

Il secoua par un effort de volonté un commencement de terreur et rappela toute sa présence d’esprit pour regarder autour de lui.

La chambre haute et vaste où habitaient depuis des siècles les châtelaines de Linkenberg était bien toujours la même ; seulement une porte qui donnait dans l’oratoire de la défunte châtelaine était entr’ouverte, et sur les dressoirs les objets avaient changé de place comme si une main étrangère était venue rétablir l’harmonie entre les gobelets et les aiguières.

Kraupt revint sur ses pas, entra dans l’alcôve par le côté droit, souleva les bonnes-grâces, et ne put retenir un cri de terreur.

En face de lui, une femme enveloppée dans ses peignoirs de nuit, était debout et tenait dans deux mains pâles et blanches la main brûlante du sire Ulrich, comme pour bien sentir les battements du sang dans l’artère.

Cette femme c’était, à ne s’y point tromper, madame