Page:Cadiot - Minuit.pdf/223

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D’aussi loin que l’œil pouvait voir, on distinguait le donjon hautain sur son rocher abrupte, comme une escarboucle dans la nuit. D’aussi loin que l’oreille pouvait entendre, la musique entraînante invitait à la valse.

Les notes joyeuses éveillaient l’écho et les lumières jetaient dans le Rhin leurs mille reflets. Du haut de son balcon, madame Isobel faisait largesse aux pauvres gens.

Dans les vastes salles du manoir, les tables de festin étaient tendues, et les convives dansaient en longues sarabandes.

C’est que, lorsqu’on avait vu une fois madame Isobel au milieu de ses fêtes, on voulait la revoir encore. Peu à peu, le nombre de ses chevaliers augmentait. Chacun amenait son compagnon d’armes, et tous, autour d’elle, formaient une cour.

On aimait sa beauté, si puissante dans un corps si frêle, sa grâce suprême qui ta faisait reine partout et toujours.

On aimait la voir commandant la danse, les bras arrondis. les cheveux flottants ; ou versant le vin avec ses mains blanches dans les hanaps ciselés, et l’ivresse folle avec ses regards dans les jeunes cœurs.

Ils venaient de loin, et toujours plus nombreux les Allemands rêveurs. Remontant le Rhin ou le descendant pour arriver tous à ce manoir de Linkenberg d’abord si désert. Et madame Isobel faisait ses fêtes plus