une légende ; c’est tout simplement et tout brutalement un fait.
— Raison de plus pour le constater, m’écriai-je.
— Eh bien ! donc, reprit Mme J. L., sachez d’abord que Mme P*** ma mère, fuyant les tracas de la célébrité à Paris, était alors venue s’installer avec moi, dans une jolie petite maison à Montrouge. Ce premier point n’est peut-être pas fort intéressant pour vous, mais il sert de base à mon histoire.
Dans une maison mitoyenne vivait tranquillement M. Sylvain Maréchal avec sa femme, sa belle-sœur Agathe Desprez, et madame Cacon-Dufour, parente du fameux marquis de Brunois et femme de lettres. — Constatons, pour ne pas trop me vieillir, que je n’avais guère alors que cinq ou six ans.
— Vous connaissez tous le rôle et les doctrines de Sylvain Maréchal ?
Faut-il l’avouer à notre honte, la jeunesse aujourd’hui est si ignorante des événements, des choses et des hommes d’autrefois, que deux ou trois répondirent par un regard incertain, et à peu près autant par un hochement de tête négatif !…[1].
— Sylvain Maréchal faisait partie de cette école de philosophes athées, qui fut comme la queue de la première école encyclopédiste. Ami de Chaumette et partisan enthousiaste de la déesse Raison,
- ↑ dernièrement M. Amédée Achard a ressuscité par deux spirituels feuilletons publiés dans l’Assemblée nationale le nom et les doctrines de Sylvain Maréchal.