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il avait pris une part active aux hauts faits de la Révolution.

Bon homme, toutefois, et fort serviable, pendant la Terreur il sauva, malgré ses principes outrés, plusieurs amis du trône et de la religion. Dans la vie privée il se montra toujours simple, confiant, laborieux et modeste. Bon homme donc, mais se croyant consciencieusement obligé, pour contribuer aux progrès de son siècle et au bien-être de ses contemporains, de professer l’athéisme et de publier de temps à autre de petits opuscules comme : le Dictionnaire des Athées, le Code d’une société d’hommes sans Dieu, etc., etc.

Il s’établit, peu à peu, entre ma mère et madame Maréchal, des relations de voisinage, qui débutèrent par des saints à la fenêtre, et finirent par des échanges de renseignements, sur les terrains les plus propres à la croissance du réséda et la manière de faire des confitures. Bientôt ces relations insignifiantes atteignirent jusqu’à Sylvain Maréchal.

On causa, on se trouva du même monde et de la même zone sociale. Si les opinions étaient différentes, au moins appartenaient-elles au même courant intellectuel. Bref, en causant, on se lia plus intimement, et bientôt ou fit presque ménage commun.

Petit, d’un extérieur peu avantageux et bégayant, M. Maréchal n’était point, tant s’en faut, un beau cavalier ; mais lorsqu’il ne tombait pas dans sa manie d’athéisme, c’était un esprit juste, facile, bien-