Page:Cadiot - Minuit.pdf/239

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poésie et un besoin impérieux de jouissance. Il lui fallait l’infini, en un mot, et l’infini c’était Isobel.

Tout à coup, il sentit sa marche incohérente arrêtée par un obstacle qui lui barrait le chemin. Il leva la tête et reconnut le page de la châtelaine qui le saluait avec respect.

— Monseigneur, lui disait le page, ma haute et puissante maîtresse vous convie à la venir visiter ce soir en son château de Lînkenberg…

L’exaltation de Franz devint du délire. Il s’enfuit à travers la ville et la campagne en poussant des cris de joie, en dansant des danses insensées.

— Isobel ! Isobel ! maîtresse de mon âme, source de toute joie ! Isobel ! Isobel !

Et les cloches lancées à toute volée sonnaient la messe des morts.

— L’éternité s’absorbe dans une heure d’amour !… Isobel ! Isobel ! reine de l’espace, reine du temps, reine du plaisir !…

— Mon frère, mais que fais-tu donc ?… Notre mère est inquiète. Où donc as-tu passé la nuit ? — C’est aujourd’hui le jour des trépassés. Viens prier avec nous pour les âmes du purgatoire.

Pour la seconde fois. Franz éveillé en sursaut au milieu de ses rêves regarda devant lui.

Sa sœur, pieuse et douce fille de seize ans à peine, l’avait pris par le bras pour attirer sou attention. Elle avait