Page:Cadiot - Minuit.pdf/240

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des cornettes de deuil et portait à la main des couronnes d’immortelles et son chapelet.

— Souffres-tu, mon frère ? tu as une figure étrange. — Veux-tu rentrer au logis avant la prière ? reprit la candide Allemande en levant sur le visage bouleversé de l’étudiant ses limpides regards.

— Laisse-moi, de par Dieu ! Qu’ai-je à faire des morts ?

— Franz, notre père et notre mère prient pour eux. Ne te souvient-il plus de nos parents, de nos amis qui ne sont plus de ce monde ?

— Hé ! laisse les morts, te dis-je !… et vive la vie, vive le bonheur, vive l’ivresse !… Va-t’en !

Et Franz s’échappa, en repoussant sa sœur, qui les yeux mouillés se signa et pria pour lui :

— Dieu te garde ! mon frère, dit-elle.

Franz fit un signe d’indifférence. — Eh ! que lui importaient les avis ou les bénédictions de la pauvre petite !

Quand il eut mis entre elle et lui quelque distance, il se retourna pour la voir s’éloigner en pleurant. Comme elle lui parut simple, et, vulgaire alors !

Isobel ! Isobel !

Tout le jour, Franz erra comme un insensé ; et, quand vint le soir, il sortit de la ville pour s’approcher peu à peu du manoir.

Alors, dans sa tête affolée tournoyaient mille images fantastiques. Isobel, transformée en ombre décevante, lui apparaissait dans les nuages avec des regards à