Page:Cadiot - Minuit.pdf/241

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damner les anges, tandis qu’à son oreille une voix amoureuse murmurait des paroles enivrantes.

Et, il n’écoutait ni le glas qui semblait faire à tous les chants d’amour comme un accompagnement funèbre, ni les cris des orfraies, qui voltigeaient au-dessus des terrasses de Linkenberg.

Le temps lui semblait long… bien long !… À travers les vitraux coloriés, il voyait resplendir les lumières, comme si, à l’ombre de ses murailles, la fière châtelaine eût préparé une de ses fêtes d’autrefois. Dans le lointain il lui semblait ouïr une délicieuse musique.

Quand il fut l’heure, il se présenta à la poterne du château.

Aussitôt un archer donna du cor et le pont-levis s’abaissa. Sur le seuil du manoir il trouva le page d’Isobel en habits de fête.

Le page ouvrit les portes en saluant jusqu’à terre. Franz le suivit et traversa des salles éblouissantes de lumière, mais toutes solitaires.

Des valets silencieux étaient échelonnés de distance en distance et le saluaient par un mouvement quasi automatique. Devant lui les portes s’ouvraient toutes grandes et à deux battants comme s’il eût été le maître longtemps attendu de ce château désert. Mais aucun bruit ne frappait son oreille. Seulement, une musique douce passait dans l’air, par instants, et lançait une volée d’accords, tandis que des parfums enivrants saturaient l’atmosphère.