Page:Cadiot - Minuit.pdf/290

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par exemple ! L’explication de vos terreurs est devenue nécessaire… d’ailleurs il faut enfin vous faire soigner ; vous êtes très-malade.

Le malheureux ne répondit pas, car il souffrait horriblement en effet. L’excitation de la fièvre diminuait, mais l’atonie qui suivait la crise était horrible. Il lui semblait sentir sa cervelle se fondre sous son crâne en feu, ses idées se disperser et devenir incohérentes, tandis que sa vision prenait un corps véritable et se faisait vivante. Les sons n’arrivaient plus que confus à son oreille, les paroles perdaient leur sens dans son esprit, les objets vacillaient devant ses yeux en prenant des formes bizarres. Il sentait sa volonté se dissoudre et sa raison lui échapper.

Contrairement à son attente, madame Manoquet n’eut point à subir le supplice des visites curieuses qui venaient d’ordinaire interroger chacun de ses froncements de sourcils pour en faire un texte à commentaires. Personne Il e vint demander l’explication de la crise de la veille, personne, pas même les amis intimes.

Ce silence de mort, cet abandon général doublèrent les terreurs de la pauvre femme ; plus la journée s’avançait, plus elle attendait avec anxiété un visage étranger sur lequel elle pût lire les impressions venues du dehors. Ces questions tant redoutées le matin, elle les souhaitait maintenant avec une violence qui devenait à chaque instant plus intense.

Le dîner, auquel elle avait invité Vanvré, était fixé