Page:Cadiot - Minuit.pdf/302

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— Mademoiselle de Meillac n’avait pas de dot. Elle était bien apparentée, jolie, élevée de façon à faire une femme du monde accomplie ; M. de Marneroy n’était plus jeune ; possesseur d’une belle fortune, il l’épousa, parce qu’elle réunissait tous les avantages qu’il recherchait. Au contrat, il lui assigna un douaire de quinze mille livres s’il laissait des enfants, et Pâquerette est née… — Voilà pourquoi M. Rouvières n’a guère plus de douze ans à être riche !

— Bah ! il profitera de ces douze ans-là pour devenir député, conseiller d’Etat, ou même pair de France…

— Oui, c’est ce qu’il aura de mieux à faire ; — mais, entre nous, je ne crois pas qu’il soit bien fort. On lui trouve souvent plus de bagou que de portée, plus d’ambition que de talent… Et puis, aux pairs de France et aux conseillers d’État, il faut encore de la fortune !

— Il fera des spéculations à la Bourse…

— Enfin il s’arrangera, cela va sans dire… mais il faudra toujours renoncer à l’usufruit de la fortune de mademoiselle de Marneroy !

— Comme elle sera jolie, Pâquerette ! quels beaux yeux noirs et quelle vivacité de mouvements ; comme elle est bien portante et fraîche !

— Sa grand’mère en est folle. — Voyez donc madame de Meillac dans sa bergère au coin de la cheminée. Elle la mange des yeux.

En effet, c’était chose curieuse à observer que la tendresse exaltée, qui se peignait dans tous les mouve-