Page:Cadiot - Minuit.pdf/316

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fant. Mais il n’osait pas. Enfin sa maladie prit tous les caractères de l’hypocondrie.

Il y avait, dans les appartements de madame Rouvières, une pièce, jadis peu habitée, où la petite fille aimait surtout à rester, parce qu’on la lui avait donnée pour y mettre ses joujoux. On la nomma la chambre de Pâquerette, et sa mère et sa grand’mère s’accoutumèrent à y apporter leur ouvrage pour ne pas quitter l’enfant chérie. Elles y passèrent plusieurs heures de la matinée et de la soirée. Quand madame Rouvières faisait fermer sa porte, elle y restait quelquefois des journées entières et lorsqu’elle n’attendait pas son mari, elle y prenait ses repas.

Cette chambre était particulièrement déplaisante à Rouvières, et il évitait d’y entrer toutes les fois qu’il le pouvait sans affectation. Évidemment, s’il avait prié sa femme de se tenir ailleurs, elle se serait hâtée de retourner à son boudoir habituel. Mais il craignait surtout de laisser voir son horreur pour cette partie de son hôtel, et si, au seuil de la porte, un frémissement lui échappait, il trouvait aussitôt moyen de l’expliquer par le froid, le vent, ou une disposition fiévreuse.

Devant la cheminée il y avait une grande dalle de pierre blanche ; et au milieu de cette dalle, une incrustation noire qui ressemblait à une croix grecque.

Quand madame de Meillac et madame Rouvières étaient chacune assises à l’un des coins de la cheminée, Pâquerette, car ce nom avait enfin prévalu pour tout