Page:Cadiot - Minuit.pdf/317

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le monde. Pâquerette allait et venait continuellement sur cette pierre pour sauter des genoux de sa mère sur ceux de madame de Meillac.

Ces jeux étaient insupportables à Rouvières, qui cherchait à attirer sa fille dans d’autres coins de la chambre, ou même qui l’enlevait brusquement dans ses bras sous les prétextes les plus inattendus.

Un soir, madame d’Aydie était venue passer la soirée avec ses parents, et elle occupait le milieu du foyer. Il y avait peu de feu, car on était à peine en automne. Dans l’espace compris entre ces trois dames, Pâquerette accroupie sur les dalles, essayait de dessiner une marguerite avec de la craie blanche sur les pierres noires.

En entrant, Rouvières ne la vit pas d’abord.

— Où est Pâquerette ? demanda-t-il après les saluts d’usage.

— Ici, dit la mère en désignant le foyer du regard.

Il n’y avait qu’une seule lampe d’allumée, et, comme on l’avait coiffée d’un abat-jour, elle renvoyait un cercle de vive lumière sur la table à ouvrage, et laissait le reste dans l’obscurité. Sans cela, on aurait pu voir les yeux de Rouvières devenir fixes et ses cheveux se dresser sur sa tête.

Mais au même instant, la petite fille se releva et courut à son père en riant de ce bon et franc rire que tout le monde reconnaissait si bien.

— Papa, papa, s’écria-t-elle, viens donc voir comme je sais faire mon portrait.