Page:Cadiot - Minuit.pdf/45

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gneur nous a réservées à de rudes épreuves, et sa main a été bien pesante sur nous ! Voici ta bonne mère Margareth, qui vient de mourir de chagrin pour avoir vu six mois durant le corps de son killecroff de fils suspendu à la potence. Et moi, grand Dieu ! suis-je donc destinée à mourir aussi de honte et de douleur ? — Car si Hermann continue à vivre en mécréant, certainement verrai-je aussi, son cadavre, balancé par le vent à la pointe du gibet !

— Chère mère, ne désespérez point ainsi, reprenait Ketha : Dieu touchera encore une fois le cœur d’Hermann. — Voici, Dieu le garde ! sept jours et sept nuits que je ne l’ai vu… mais quand il reviendra, croyez-vous qu’il pourra sans repentir, entendre nos plaintes et voir notre douleur ?

En cet instant, une voix rauque et avinée se fit entendre dans le lointain ; cette voix à peine distincte, avait pourtant été bientôt reconnue par les deux femmes. Elle psalmodiait en nazillant, une vieille chanson bachique, sorte de drame à deux personnages où un pénitent et un ivrogne qui se rencontrent, entreprennent mutuellement de se convertir, l’un, à la vertu des anachorètes, et l’autre, à la libre expansion des pourceaux d’Épicure.

— Qui es-tu, toi qui va chantant ?…
— Qui es-tu, toi qui t’ennuie ?
— Je suis un pénitent,
    Qui va pleurant sa vie.