Page:Cadiot - Minuit.pdf/52

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Ils tournaient sans s’arrêter, sans ralentir leur course et comme mus par un mécanisme. Hermann sentit bientôt que l’espace et l’air lui manquaient, car les membres froids des spectres le pressaient et l’étouffaient. C’était comme un cercle de glace autour de sa tête, comme un poids horrible sur sa poitrine. Il s’évanouit.

La fraîcheur matinale calma les angoisses du tisserand. Il ouvrit péniblement les yeux et se retrouva avec horreur couché sous le gibet d’Halberstadt.

Son premier mouvement fut de s’enfuir loin de ce lieu sinistre, sans choisir sa direction, sans regarder devant lui.

Peu à peu cependant, ses sens s’apaisèrent, et il dégagea des visions de la nuit l’affreuse réalité. Mais, bien loin de se sentir saisi par le repentir et le besoin d’expiation, il n’éprouva qu’une brutale horreur pour tout ce qui lui rappelait son crime. De la place où il était, il pouvait encore apercevoir dans le lointain sa maison et son village. Cette vue lui fut odieuse, et n’écoutant que son instinct bestial, il s’éloigna rapidement du pays.

Cette fois, comme il était à jeun, il suivit un chemin direct et ne s’égara point autour des justices seigneuriales.

Malgré sa hâte d’arriver au but de son voyage, et la précipitation de sa marche, maître Hermann n’atteignit que vers le milieu du jour la lisière de la forêt Noire.