Page:Cadiot - Minuit.pdf/53

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Il s’engagea dans un chemin sombre et vigoureusement creusé par les eaux pluviales, où l’ombre était si épaisse, même en plein jour, qu’à peine y voyait-on suffisamment pour reconnaître à dix pas un compagnon de route.

Après quelques instants d’une marche rapide, il s’arrêta devant une misérable chaumière de bûcherons et frappa trois coups vigoureux à la porte,

Une petite vieille décrépite, à l’œil louche et vitreux, avança la tête par un trou garni de paille qui servait de fenêtre.

— Allons çà ! dépêchons, ma mie, cria-t-il dès qu’il l’aperçut ; — ouvrez-moi ; et vite ! s’il plaît au diable, votre cousin !

La vieille descendit aussi lestement que pouvaient le permettre son âge et ses infirmités, les quelques marches qui la séparaient du sol ; puis elle souleva le loquet de bois qui barricadait intérieurement la porte, et maître Hermann se précipita dans la chambre.

Son premier mouvement fut de s’asseoir à une grande table souillée devin et bordée de bancs ; et comme il trouva que la vieille ne s’empressait pas assez à le servir, il frappa dessus un vigoureux coup de poing.

— Tonnerre ! dérouillez un peu votre carcasse, tison d’enfer ! et me servez un bon repas ! J’ai marché vite et je suis à jeun.

— Seigneur ! maître Hermann, fit la vieille avec ter-