Page:Cadiot - Minuit.pdf/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vous-même, et gratis boire et faire ripaille tout le reste de vos jours !

— Tudieu ! le conseil a son prix ! et le proverbe a raison qui dit : ne ment point fils de bonne mère ! interrompit Antoine. — Holà ! la vieille ! à boire, et du meilleur !

— Çà, maître Hermann, mon compère, buvez bien et tâchez d’oublier que n’avez pas soupé chez vous hier !

Hermann avala d’un trait un plein gobelet d’eau-de-vie. — Du diable ! s’écria-t-il, vous avez raison, mes compères ! dehors la femme ! et bientôt nous pendrons la crémaillère sur un feu clair, car il flambera bien, je vous jure ! mon vieux métier de tisserand !

C’était de bon cœur que les charbonniers prodiguaient à leur hôte le vin et l’eau-de-vie, car ils avaient rêvé, dès longtemps, de faire avec lui une association de rapine ; en effet sa maison transformée en auberge devait faire une excellente succursale de la leur ; Hermann d’ailleurs avait les épaules carrées et les poings solides : on pourrait donc se prêter mutuellement main-forte dans l’occasion.

La vieille semblait avoir deviné les intentions de ses maîtres, car tout en distribuant autour de la table le vin du Rhin et l’eau-de-vie de cerises, elle ne négligeait point de remplir le gobelet d’Hermann plutôt deux fois qu’une.

À mesure que l’ivresse du tisserand augmentait, sa tête s’exaltait davantage contre la pauvre Ketha. Ses