Page:Cadiot - Minuit.pdf/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ignobles passions surexcitées par la boisson et l’encouragement des charbonniers l’entraînaient à de nouveaux crimes, et cette maison qu’il avait fuie avec tant d’horreur, il brûlait maintenant d’y retourner pour en chasser sa femme.

Les fils d’Antoine continuaient à dessein, d’exciter ses instincts brutaux ; tout à coup il se leva, et renversa en jurant son gobelet encore plein.

— Eh pardieu ! s’écria-t-il, point n’est besoin d’attendre davantage, pour être maitre en ma maison ! Il fera jour encore une heure ; d’ailleurs, je sais mon chemin, et s’il vous plaît, mes bons compères, nous souperons demain ensemble en mon logis !

Sur quoi, la vieille lui ayant apporté une bonne gourde d’eau-de-vie — car, disait-il, c’était lanterne pour éclairer sa route — il prit un bâton ferré, et tout en chancelant sortit de la cabane et s’avança dans la campagne.

Il suivit d’abord la route tracée d’une marche avinée, mais rapide, comme si une volonté arrêtée eût, pour un instant, dominé les fumées de l’ivresse.

Quoiqu’il fût déjà tard, comme la journée avait été belle, les derniers rayons du soleil brillaient d’un splendide éclat, et la campagne était encore éclairée de cette lumière fugitive qui dore l’atmosphère quelques instants avant le coucher du soleil. Des nuages empourprés mêlés de teintes fauves et de teintes plombées, en enveloppant, à l’horizon, l’astre prêt à disparaître, semblaient bien présager un orage prochain, mais jusqu’a-