Page:Cadiot - Minuit.pdf/58

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lors ils faisaient seulement ressortir l’or de ses rayons par leurs ombres foncées.

Peu à peu, l’action de l’air complétait l’Ivresse du tisserand ; ses idées se troublaient et il trébuchait aux pierres du chemin.

C’était en vain qu’il essayait de se remémorer sa route et de la suivre d’un pas ferme ; ses jambes flageolantes semblaient ne lui prêter qu’à regret leur service, et son esprit n’avait plus qu’une vague perception des objets extérieurs.

Pendant ce temps-là, le crépuscule enveloppait lentement la terre de ses voiles gris ; les montagnes bleues de l’horizon n’étaient plus séparées du ciel que par une ligne de feu ; et les nuages amoncelés se coloraient de reflets enivrés, tandis que le roulement lointain du tonnerre annonçait l’orage.

Hermann essayait de presser le pas ; mais tous ses efforts n’aboutissaient qu’à le faire tourner sur lui-même au milieu d’un chemin qu’il ne reconnaissait plus. À la lueur fugitive des éclairs, il apercevait dans le lointain les tours d’Halberstadt et le clocher de son village : mais s’il essayait de s’orienter et d’avancer dans cette direction, les tours et le clocher faisaient volte-face, et apparaissaient aussitôt du côté opposé comme pour se jouer de ses efforts. Tout le pays environnant dont il connaissait, depuis son enfonce, chaque site, chaque point de vue, chaque champ et chaque toit, semblait