Page:Cadiot - Minuit.pdf/59

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tourner autour de lui pour multiplier ses incertitudes et ses étonnements.

C’était comme un vaste cercle ébranlé par un inexorable mouvement de rotation, et à mesure que la nuit descendait plus épaisse sur la terre, le cercle allait se rétrécissant, les objets les plus éloignés ou les moins saillants s’effaçaient dans l’ombre, et il ne restait plus debout autour du tisserand, que les silhouettes fantastiques des clochers pointus, des donjons hautains ou des chênes gigantesques.

L’orage approchait avec une rapidité désespérante : les nuages se pressaient les uns sur les autres, et les éclairs de feu jaillissaient toujours plus fréquents de leurs lianes déchirés. Le vent chassait les feuilles sèches par les chemins avec des bruissements étranges, et tourbillonnait en sifflant dans les hautes ramures.

À tous les détours, à tous les coins des haies, apparaissaient à l’ivrogne mille formes fantasques qui s’agitaient en tous sens pour lui barrer la route tracée, l’égarer dans les hautes herbes et se rire de ses efforts.

Hermann s’irritait contre les obstacles et avalait de minute eu minute de nouvelles gorgées d’eau-de-vie pour soutenir sa lutte inutile. Il frappait avec rage, de son bâton ferré, toutes tes barrières réelles ou imaginaires, qui embarrassaient son chemin.

— Par la mort Dieu 1 s’écria-t-il avec fureur, les diables ont fait un pacte contre moi ! Ne retrouverai-je pas enfin mon logis ?