Page:Cadiot - Minuit.pdf/67

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à coup des proportions fantastiques et s’allongeassent outre mesure.

L’infortuné, en vue des maisons du village, criait et appelait au secours : mais sa voix expirait dans sa gorge, étouffée par la peur, et ses dents claquaient avec une violence qui ne lui permettait pas de formuler une prière.

Enfin, épuisé, mourant, à bout de force et de courage, Hermann arriva au seuil de sa maison, saisit le marteau de la porte, et le secoua avec frénésie en poussant des hurlements de frayeur.

Ketha reconnut la voix de son mari et descendit les degrés en recommandant son âme à Dieu.

Hermann frappait à coups redoublés : il entendait la marche inexorable du spectre derrière lui, et les secondes lui paraissaient des siècles d’angoisses.

Enfin les verrous sortirent de leurs gâches et la porte s’ouvrit.

Hermann se précipita dans la maison, la tête perdue, les yeux hagards, comme un insensé. Il repoussa les verrous avec toute la force qu’il put trouver encore et regarda autour de lui.

Mais le spectre n’était pas entré dans la maison.

— Femme, s’écria-t-il, vite, vite !… apporte ici tout…, tout ce que nous avons… vite… vite… les meubles, les tonneaux… tout, tout !…

Et chancelant, il s’appuyait à la muraille.

Ketha restait immobile sans comprendre. Hermann