Page:Cadiot - Minuit.pdf/68

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entr’ouvrit le judas de la porte et lui montra Fritz qui s’avançait toujours.

La pauvre femme poussa un cri d’horreur :

— Mon frère !

Puis, comprenant par une intuition rapide l’idée de son mari, elle s’élança dans le cellier.

En un instant, les échelles, les cuves, les tonneaux, furent arrachés de leur place et amoncelés devant la porte en une formidable barricade.

Dans la chambre commune, en haut des degrés, ils fermèrent la porte, la verrouillèrent encore et en défendirent l’accès par une pyramide de meubles qu’ils se préparèrent à soutenir de leur corps.

Quand la dernière fortification fut achevée, le tisserand tomba épuisé ; Ketha se jeta à genoux près de lui et implora Dieu.

Mais les pas du killecroff maudit s’approchaient de minute en minute… bientôt on les entendit faire retentir le pavé de la cour sous leur choc sonore.

Ketha saisit Hermann dans ses bras et fit une prière suprême. Elle avait pardonné et priait Dieu de pardonner aussi.

Tout à coup les pas s’arrêtèrent ; il y eut un moment de silence et, le marteau de la porte lentement soulevé retomba avec un bruit sourd.

Tous deux s’élancèrent vers la porte intérieure et se raidirent, en soutenant les meubles qui la défendaient, de toute la force de leurs membres crispés.