Page:Cadiot - Minuit.pdf/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Puis immobiles, la respiration arrêtée sur les lèvres, ils attendirent.

An bout de quelques secondes un second coup fut lugubrement répété par l’écho.

Un silence solennel régnait dans la nature.

Un troisième coup plus fort que les deux premiers fit trembler les barricades extérieures.

Ketha se sentit défaillir.

— Que veut-il, mon Dieu ! demanda-t-elle à son mari d’une voix si éteinte, qu’au mouvement de ses lèvres seulement, il devina ce qu’il n’entendait pas.

— J’ai blasphémé… j’ai invoqué Satan… j’ai défié les trépassés de me montrer ma route, de m’envoyer un guide… j’ai invité un damné à venir souper céans… j’ai promis de le suivre après… Et Fritz est venu…

La voix du tisserand expira dans sa gorge, car le marteau frappa trois fois la porte à temps égaux ; et au troisième coup, la première barricade s’ébranla, tandis que deux tonneaux roulaient à terre.

Ce fut une angoisse inexprimable : les patients sentirent leurs cheveux se hérisser sur leur tête et tout leur sang se glacer dans leurs veines.

Les coups retentissaient toujours, et à chaque coup un meuble tombait et déblayait l’entrée de la maison. Enfin bientôt les verrous eux-mêmes s’ouvrirent sans résistance.

Puis les pas lents du spectre frappèrent à intervalles réguliers les marches de l’escalier.